• Le premier volet

    Le premier volet

    Vous trouverez ici les premiers mots  écrits de 1977 à 1993.

    Des textes quelques fois hantés par l'Afrique ou déjà habités de mes nouveaux paysages.

  • C'est le côté définitif qui désincarne cette maison.
    Où ne pas être l'étrangère?
    Ce n'est pas un retour que je vis,
    c'est un départ. Aigu. Absolu.
    Pourtant l'année était si blanche,
    dans cet ailleurs de poussière.
    On boit la vie et on s'aperçoit trop tard
    qu'on avait oublié d'être ivre.
    C'est le choix que l'on fait de ne pas savoir
    où poser le bonheur.
    Je me souviens qu'elle avait noué deux kolas
    à un pan de son wax
    et quelle avait les yeux vitrés de ceux qui vont partir.
    J'ai perdu un des bracelets qu'Aïssa m'avait offerts.
    Je voudrais que Solange laisse à jamais ouverte
    la première déchirure de Kin.
    Ca m'ennuierait qu'il oublie
    la position du berger Peul.

     

    Novembre 1993

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  • La nuit était comme un miroir, le givre comme des étoiles.
    La maison n'était encore qu'une lumière posée sur le flanc de la montagne.
    Ce n'était qu'un point incandescent, comme le rougeoiement d'une cigarette.
    J'ai marché longtemps, sur le chemin seulement éclairé par l'éclat des pierres sous la lune.
    J'ai marché longtemps.
    La lumière était comme un îlot de chaleur, tremblante et fragile comme un astre.
    Au détour du sentier, je l'ai perdue de vue.
    Un nuage étirait son filet de nacre dans le ciel.
    La nuit était comme un miroir, le givre comme des étoiles.
    Puis la lumière a reparu. Plus proche, plus grande.
    J'ai marché longtemps vers elle. Je la voyais comme un feu de joie au milieu d'un désert bleu.
    Le bois est devenu plus dense, les arbres se sont resserrés.
    Je n'ai plus rien vu de cette maison illuminée.
    Un ruban de brume serpentait la vallée comme une large rivière de silence.
    La nuit était comme un miroir, le givre comme des étoiles.
    La lumière m'est enfin reparue.
    Elle était une fenêtre. Une grande fenêtre éclairée.
    J'entendais des rires et de la musique, j'imaginais une cheminée.
    Je voyais la pierre des murs et je voyais la porte ouverte.
    Alors je suis entrée.
    La maison était déserte.
    Pas de feu dans la cheminée.
    Un silence unique, sans rires ni musique.
    Ce silence de l'attente, à fond perdu.
    Une ampoule nue pendait au plafond, lumière absurde et crue.
    Et accroché au mur, un immense miroir.
    Un miroir pour me regarder, la solitude en face.
    Un miroir qui avalait la nuit.
    Le givre comme des étoiles.
      1983

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  • Il y a du sable dans le vent
    et du vent dans la lumière.
    C'est peut-être ça, ce tremblement
    devant les yeux.
    Comme des mirages brouillés
    vos visages qui tournent,
    et les pages s'envolent
    du cahier répertoire.
    La Tour de Babel désertée.
    Et c'est le ciel des fenêtres
    qui me traverse et me dérive...
    Les flaques de soleil
    sur le miroir des dalles,
    et la lumière du lac
    qui danse sur les murs.
     
    Et c'est peut-être ça,
    ce pincement au coeur,
    cette attente oubliée des rires improvistes,
    quand on rajoute quelques assiettes
    sur la table,
    et une planche de coffrage
    entre deux tabourets...

     

     

    1993

    Texte paru à La Barbacane N° 95/98

     

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  • Je me souviens de cette amitié Tchad
    qui préféra noyer dans le Chari
    le secret de son ventre d'enfant-femme.
    Je me souviens de la route Léon M'ba
    et de ce chien qui a traversé,
    cet amour aux 15 ans solaires achevés là.
    Je me souviens Maya- Maya
    qui emportaient nos serments,
    décollage imminent.
    Autant d'encoches taillées
    sur l'écorce de ma vie,
    je ne vous ai jamais oubliés.
    Le sourire d'Awa domine.

     

    1990

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  • L'instant où bascule la nuit,
    aube grise et moite,
    quand un voile de chauve-souris
    rabat un pan de ciel froissé
    sur le soleil des papayes.

     

    1992

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