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A l'origine
Connaître son origine.
Bringuebalée sur la planète depuis ma naissance, déracinée, transplantée, déracinée encore et encore, j'ai toujours été fascinée par les gens qui étaient en mesure de dire qu'ils venaient d'un pays particulier, d'une région bien précise, le nom de leur famille est écrit sur les tombes de la moitié du cimetière de leur village.
De nationalité Française, je suis née dans un Vietnam dont je n'ai aucun souvenir, j'ai grandi dans différents pays d'Afrique dont je n'aurai jamais la culture (même si à 10 ans je voulais prendre la nationalité Gabonaise et ne comprenais pas que cela ne soit pas possible), c'était un arrachement à chaque fois qu'il me fallait quitter un pays et les amis que j'y laissais. J'enviais les gens qui avaient des racines, une source en quelque sorte.
J'enviais les gens qui pouvaient revenir à la source.
Pour être une expatriée, il faudrait d'abord avoir une patrie.
Je ne sais pas où est la mienne.
Je m'en suis accommodée. Le mot Patrie ayant pris une connotation Bleu Blanc Rouge mon cul, comme dirait Zazie dans le métro, je m'en suis plus qu'accommodée.
Je me suis mise à revendiquer mon statut de citoyenne du Monde, puisque je n'avais pas le choix d'un drapeau Vert Jaune Bleu à brandir. A la rigueur un petit drapeau Conf' jaune avec un arbre et un soleil, du temps où je trempais mes racines dans un pralin de terreau/compost bio.
Même ma grand-mère, même mon grand-père, n'avaient pas le nom que je porte.
Mes racines, mon origine, sont contenues dans une lettre léguée par ma grand-mère.
Ma grand-mère et son témoignage de femme vietnamienne, dissidente politique pendant la Guerre du Vietnam.
Ma grand-mère et sa grandeur d'âme d'avoir béni le remariage de ma mère sa belle-fille, avec un homme que je considérais comme mon père puisqu'il m'a élevée depuis l'âge de 6 ans.
Je dis bien léguée, parce que je ne pouvais pas recevoir de plus bel héritage.
Je vous livrerai cette lettre dans le prochain post.21 juillet 2011
Tags : chroniques
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