• Je ne sais pas d'où vient cette eau
    qui coule dehors, qui coule dedans,
    j'écoute une pluie intemporelle.
    Une palme effleure la fenêtre, palpitation végétale,
    Tropiques liquides sur la vitre.
    L'enfance négociée dans un harmonica,
    harmonie parenthèse,
    je marche en territoire d'oubli.
    Si le temps ne passait plus,
    là, maintenant,
    on arrêterait peut-être d'ouvrir fermer ouvrir fermer
    cette porte qui bat en chamade.
    Si le temps ne passait plus on arrêterait de chanceler.
    La pluie continuerait de tomber,
    j'en aurais l'âme ruisselée lavée,
    en flottaison.
    Je serais encore à trois pas et un fleuve de toi,
    le matin ne viendrait pas, la nuit ne serait pas foutue.
    Je tracerais avec mes doigts un Congo Brazza de buée.
     

     

    Mars 2011

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  • ...

     

    La dernière fois que je t'ai vu
    C'était là
    Sous le ciel

     

    29 décembre 2014

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  • Les rares fois où j'ai vu pleurer ma mère - elle pleurait silencieusement, il n'y avait pas de sanglots dans ses pleurs -  j'en étais bouleversée.
    Un jour je l'avais ainsi surprise. Elle pleurait pour une raison qui me sera toujours inconnue. Elle m'avait alors souri à travers ses larmes, manière de me rassurer mais le mal était fait.
    Quand elle riait, pareil.
    Ma mère pleurait toujours lorsqu'elle riait.
    Or je ne pouvais – et ne peux toujours pas - regarder une personne pleurer sans craquer à mon tour. Automatique.
    De même que le pied shoote par réflexe lorsque l'on donne un coup de marteau sous la rotule, j'ai le cœur qui shoote dans ma poitrine à la vue des larmes d'autrui.
    Devant un fou rire aux larmes, je peux fou rire aussi et tout va bien.
    Mais avec elle, c'est (ce que je croyais être) sa tristesse qui était contagieuse.
    Si encore elle riait aux éclats, mais non. Elle riait sans faire de bruit, il n'y avait pas de hoquets dans son rire. On aurait dit qu'elle souriait sauf que ses yeux débordaient. D'où ma confusion.
    Je m'alarmais instantanément.
    Des moments comme ça, pendant lesquels nous n'étions pas en phase du tout...
    Son hilarité déclenchait chez moi un incoercible chagrin.
    A chaque fois il fallait qu'elle m'explique Mais non, je ris !
    Je ne m'y habituais pas. Plus elle riait aux larmes plus je fondais de même. Un manque total d'humour.



    19 décembre 2014

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  • C'était le 25 décembre et j'attendais la neige.
    Mon père avait dit qu'il allait neiger, il m'avait montré le ciel.
            - Tu vois, c'est un ciel de neige, ça. Il va neiger.
    Il avait répété plusieurs fois en agitant l'index : c'est un ciel de neige.
    J'étais surprise parce que le ciel était gris, presque blanc. J'avais 6 ou 7 ans ou 8 ?
    Je n'avais encore jamais vu la neige mais dans la période de Noël je la dessinais.
    Je dessinais des bonshommes de neige et je peignais toujours un ciel très bleu avec des mouchetis de blanc pour les flocons.
    Outre l'excitation de la fête et des cadeaux, je brûlais d'impatience de la voir enfin tomber.
    Le Père-Noël,  ça faisait un mois que je n'y croyais plus.
    Je l'avais appris à l'école, de la bouche de ma copine Muriel qui elle-même l'avait appris de la bouche de son cousin qui était un grand de 12 ans. J'avais ce jour-là clamé au cours du déjeuner que le Père-Noël n'existait pas. Mon frère m'avait instantanément donné un coup de pied sous la table pendant que mes parents échangeaient un regard consterné.
    J'avais alors - oups - fait marche arrière en bredouillant mais bien sûr que si il existe.
    J'avais joué le jeu pour ne pas peiner mes parents. Et j'avais écrit ma lettre au Père-Noël.

    Cher Papa-Noël
    Je voudrais s'il te plaît :

    La peluche jaune que on ne sait pas si c'est un chien ou un agneau

                 ou (souligné)

    Le livre-disque de Bambi parce que maintenant j'ai un mange-disque

                ou

    La poupée qui parle

               ou

    Les cow-boys ou les indiens mais je préfèrerais les indiens


    Je ne me souviens plus si c'est cette année-là que nous avons eu un vrai sapin.
    Un vrai de vrai, qui sent la forêt, avec des aiguilles qui piquent.
    Il était très grand, très haut, il allait jusqu'au plafond (dans mon souvenir).
    On l'avait gardé avec ses boules et ses guirlandes jusqu'à Pâques.
    A Pâques on s'était résolu à le défaire parce qu'il était devenu jaune et squelettique et il fallait tout le temps balayer par terre.
    Je ne sais plus si c'était l'année du vrai sapin mais Noël est immanquablement lié à son souvenir.
    J'ai une mémoire très olfactive aussi : l'odeur des mandarines et celle des bougies que l'on vient d'éteindre.
    Je l'avais eue, ma peluche jaune (j'avais décidé que c'était un chien finalement).
    J'ai joué aux indiens et j'ai écouté/lu l'histoire de Bambi en attendant la neige mais il n'a pas neigé, ce jour-là.
    Le mange-disque c'est le père-noël qui me l'avait offert quelques jours plus tôt.
    Un vrai monsieur qui suait dans sa barbe de coton et son costume rouge, lors de la fête organisée pour les enfants du personnel de Transgabon.*

     



    * Transgabon est devenue Air Gabon en 1977


    15 décembre 2014

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  • La ville était un buvard
    Ses feux absorbaient le ciel
    Façades illuminées au travers des arbres
    Il suffisait d'une saccade de l'air dans les feuilles
    Et la lumière se froissait
    J'effritais la nuit entre les cils
    Ça faisait des miettes d'étoiles
    Maintenant c'est comme ça aussi
    Mais personne aujourd'hui n'habite plus ce poème

    9 décembre 2014

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