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    Il y a des mots qui sont comme des traverses
    dans mon paysage
    pour en faire un poème
    traverse est le premier, paysage le deuxième
    imaginez l'ailleurs, le très loin
    un espace gitan, la lune en filigrane
    (et la fenêtre ouverte, oui je sais)
    il y a des mots qui croustillent
    à demi-maux
    comme des craquillements en surface
    ce sont les demi-mesures d'une tristesse
    qui bat son plein
    le reste étant ce qui est enfoui
    dessous
    il y a des ponctuations sentimentales
    qui changent tout
    des absences de virgules par exemple :
    de quoi je me mêle, toi ? Est une question
    de quoi je me mêle toi ? Est une déclaration
    il y a les échos aussi, qui reviennent
    souvent souvent souvent
    échos de plein de voix, c'est fou, ça !
    des bribes de rires surtout
    des brou ha ha
    qui font de la lumière, j'vous jure
    ça éclaire de l'intérieur
    c'est comme l'entrechoc des verres
    qui trinquent à la santé des copains
    c'est magnifique
    Et puis il y a le silence
    ...
    ah le vacarme que ça peut faire, le silence
    celui que j'ai commis trop longtemps
    à y noyer la résonance de nos pas
    alors on n'entendait plus
    alors on s'est perdu
    au vent
    parce que le vent bien sûr
    est indispensable dans un poème
    pour disperser le ciel
    et les nuages d'hier, aujourd'hui et demain
    je les ai mis dans l'ordre
    mais pour de vrai c'est aléatoire
    et en vrac

     

     

     

    Novembre 2011

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  • chuuut...
    attentive à ne pas faire craquer les feuilles
    sous les pas
    pas une feuille croustillée
    pister comme une indienne
    ce frémissement dans l'ombre de la haie
    vignes-framboise ronces lianes prunelliers

    groumpf
    ...
    et la haie crépite et se déchire
    silence froissé/soyeux comme une flambée
    heureuse comme une gosse d'avoir entendu
    groumpf
    sous la lune

    ça prend comme ça de plein fouet
    l'automne, le bruit que ça fait
    les souvenirs braconnés

     

     31 octobre 2011

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    Matins poudrés de mauve, la forêt
    Il souffle comme un mirage
    Et le perlé des rires dans le vent
    Tu as laissé l'enfance à l'adret des frontières
    Où nous aimions aller
    Je ne t'attendrai plus au pied de ce silence
    Sur ce versant du monde, soleil cristallisé
    L'élan de la lumière, le lasuré des ombres
    Les rives de l' hiver ailleurs nous relient
    Ailleurs nous rejoint
    Il souffle un vent froissé d'échos perdus
    L'heure est au grandir loin
    Et puis dans ton sillage
    Il en manquerait une
    sur trois ébouriffées

     

    Octobre 2011

     

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    1 commentaire
  • C'est une souffrance étrange. (…)
    Mourir de nostalgie pour quelque chose que tu ne vivras jamais.

    Soie, Alessandro Baricco

     

    Ce qu'il advient des mots couverts de paysages
    C'est limpide et c'est inutile, je le sais bien
    L'entête des nuits que je poursuis
    Le sceau de lune toujours, partout
    Que je trimbale sans faire exprès
    Je rature, je rature tout ce qui devient
    C'est plus fort que moi
    Ce trait de khôl qui appartient
    Au désert d'eau que je traverse
    Aussi loin que porte le regard
    Cet aussi loin dont je reviens
    Quand la mer est à bout portant
    Et que le ciel est anthracite
    C'est comme le chagrin et l'amour
    C'est un brouillard qui perdure
    Des torrents figés de galets
    Des barreaux devant l'horizon
    Charpentes de métal rouillées
    L'été dissous à contre-vent
    C'est comme ça que je la préfère
    La plage, et son embrume de sel
    Je sais ce que je n'attends plus
    J'aurais sûrement voulu un peu
    Plus ou moins de
    Et surtout pas
    Surtout pas de rien mais
    On va dire que je n'ai rien attendu
    Rien entendu, n'est-ce pas ?
    On va dire qu'on ne s'est rien dit
    Des appels manqués sans messages
    Je n'entends pas, je n'entends pas
    Je ne veux pas ce qui devient
    Ce qui devient va me faire mal

     

     Novembre 2011

     

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    3 commentaires
  • Si mes souvenirs sont bons
    J'ai quelques vies
    Des cardiogrammes au kilomètre
    Et l'auto-reverse intégré
    Lecture aléatoire repeat
    C'est facile, pourtant
    De se relever
    Il suffirait de ne pas déclouer les mots
    Cesser de soulever le couvercle
    Parce que ce que je vois
    A la surface, ce que je vois
    C'est une grande vasque verre bleu
    Et trois nénuphars dedans, carnivores
    Qui me mordent le coeur

    Pourtant je garde un soleil vigilant
    Pour demain
    Pour quand j'aurai cessé de perpétuer la nuit
    Nos bouquets japonais
    Ce qui s'en suit

     

    Octobre 2011

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