• Après la pluie

    Après la pluie

       Le soleil est mouillé
       Suinte sur la route
       Un murmure de rivière

     

        19 janvier 2015

        

    « Mes poupéesSymphonuit »
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  • Commentaires

    1
    Clément G. Second
    Lundi 2 Février 2015 à 12:36

    En y revenant à plusieurs moments, rencontré la même imprégnation  et la même ingéniosité.

    La photo finement scintillante conduit le regard au-delà d’elle-même, en hauteur (les reflets renvoient au soleil) et profondeur.

    Doublement inclinée (de la gauche vers la droite et du premier plan vers le fond), elle dirige le regard en souplesse en le resserrant sur son mouvement.

    Le tracé courbe  de la route, le grain terne du sol du côté gauche faisant ressortir celui, luisant, du goudron, la fusion de celui-ci, vers le  fond, dans la lumière, le grand espace obscur sur la droite, sont autant d’éléments structurants, parmi d’autres,  captés globalement par le regard, qui revient ensuite les consulter.

    On remarque au moins deux présences insolites (un rai, effet parasite ?, et une sorte de seau d’enfant peut-être oublié là ?) en  quelque sorte témoins de la spontanéité d’une photo saisie sur l’instant, non « construite ».

    D’emblée le poème,  par un mariage déclaré  de contraires (soleil-mouillé), relie les reflets à leur source solaire et par là élargit la vision (premier vers). Avec le verbe suinte, il inverse avec originalité (deuxième vers) le phénomène de la pluie, qui  semble non pas versée du ciel mais émise d’en bas, comme par restitution, depuis la terre. Ce vers prépare une surprise. En effet,  le suivant fait passer de la perception visuelle à l’auditive. L’intérêt poétique se relance : le suintement devient bruit sourd (et/ou annonce : cf. second sens de rumeur)  d’un flux (la rivière d’écoulement), dont l’effectivité n’en est probablement qu’à son début  et dont la non-visibilité autorise l’imagination à jouer de ses possibles.

    De vers en vers, trois brèves touches progressives (mouillé-suinte-rivière) dynamisent l’après-pluie.

    Toutefois un seul  terme (rivière) évoque le mouvement, et encore de façon inchoative ou potentielle : c’est essentiellement une scène comme encore suspendue (juste après la pluie) qui semble ici captée.

    Le regard du lecteur-spectateur en va-et-vient photo-poème ne cherche pas à se dégager de leur complémentarité, ce qui est une autre preuve de réussite poétique.

    C’est un tout parfait, d’une beauté simple et profonde.

    Ce commentaire ne pose pas l’existence d’une stratégie des effets en amont de ceux-ci, bien au contraire. Il tente de capter les effets et leurs ressorts, leurs combinaisons.

    D’évidence, tout est venu d’une  présence attentive au paysage et même d’une authentique  intelligence avec lui.

    On ne peut qu’aimer.

    À présent se taire. Contempler.  

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    2
    Lundi 2 Février 2015 à 15:00

    Une photo non "construite" comme vous le dites bien, de même que le poème n'a pas été si "réfléchi". Une présence attentive au paysage oui sûrement, merci Clément pour votre interprétation.

      • Tanguy
        Mardi 19 Janvier 2016 à 10:57

        En bref : c'est beau...quoi ! yes

      • Mardi 19 Janvier 2016 à 19:38

        Merci Tanguy :-)

    3
    Mercredi 20 Janvier 2016 à 01:18

    Après le commentaire de Clement G. second (très perspicace au demeurant) ton haïku si vivant ressemble à une grenouille disséquée sur la table en carreaux de faïence blanc de la salle de chimie.

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